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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 21:47

L’imposteur revient. Apres avoir acheté un palais au Maroc, merci la République Française au passage, il prend la parole sur la Syrie. Merci de ton avis mais on s’en fout. Donc voilà il prend son Samsung Galaxy entre deux cornes de gazelle et appelle le chef des rebelles syriens.

« Ça va ? Non pas trop ? Ouais j’ai vu à la télé… Putain ça craint quand même… Fabius il vous a envoyé des armes ? Non ? Quel baltringue… Non mais je leur avais dit à tous ces cons qu’avec les socialistes ce serait moins rock n’roll mais tu parles… Et vous faites quoi sinon ? Ah ouais quand même… Mais comment ça vous vous faites massacrer ? Pas toi quand même ? Ah non toi t’es tranquille planqué et t’attend qu’on vienne te filer tous les pouvoirs ! Tu m’as fait peur mon con… Bon ben écoute moi j’ai Guaino qui me prend la tête depuis un mois pour que je fasse un « come back media » comme il dit… Ouais je trouve ça nul aussi mais bon… Donc ouais on fait ça ? On fait une déclaration commune… Au pire ça sert à rien au mieux t’as des caisses de Kalash… »

Sinon ils continuent de s’éventrer en Syrie.

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7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 09:32

Je suis de gauche. Faut que je respecte les codes. Des fois c’est dur.

Déjà j’aime pas les Etats Unis, aimer les States et être de gauche ce n’est pas possible. C’est des mecs de gauche qui me l’ont dit. Alors du coup je soutiens l’Iran et Bachar El Assad comme j’ai soutenu feu Kadhafi et feu Sadam. En fait eux étaient pas vraiment des salauds, c’était juste des victimes de l’organisation secrète américano israélo illuminati. Par contre j’ai pas soutenu les autres dictateurs de l’époque, genre en Egypte et en Tunisie parce que c’était les indignés qui se battaient contre donc du coup comme j’aime les indignés ben j’aimais pas les dictateurs.

Ce qui m’amène aux indignés. J’aime les indignés. J’aime leur sitting et leurs résistances héroïques. En plus ils ne sont rien et ça m’arrange. Pas question d’être étiqueté communiste. Les communistes ont tué des gens et puis en plus ils ont trahi la gauche. Quand, je sais pas… Et en plus je m’en fous.

J’aime pas la télé, la télé c’est mal. J’aime pas internet, internet c’est mal, sauf facebook parce que c’est un outil de libération des peuples opprimés (conf paragraphe précèdent sur la Tunisie). J’aime pas le cinéma américain, Mc Donald, le Coca Cola. J’aime pas le football, le football c’est l’opium du peuple, c’est je sais plus qui qui l’a dit. J’aime pas les riches. J’aime pas les habits de marque, ils sont fabriqués par des enfants chinois. J’aime pas les téléphones portables mais j’en ai un.  J’aime pas voter, voter c’est mal. J’aime pas Israël mais je suis pas raciste. J’aime pas le rap mais j’ose pas le dire. J’aime les conspirations c’est quand même plus fun que la vérité.

J’aime les squats mais j’y vais jamais, sauf pour boire des bières et écouter de l’électro, en été, l’hiver il fait trop froid. J’aime les gens qui marchent pieds nus, qui se baladent en vélo, qui prennent le bus, qui écoutent des trucs engagés. J’aime les livres, surtout Stéphane Hessel. J’aime la bouffe bio. J’aime la Palestine j’ai un keffieh. J’aime Stéphane Guillon, l’Abbé Pierre, Yannick Noah. J’aime pas le PS mais je vote quand même pour eux. J’aime pas la droite mais j’ai voté pour eux en 2002. J’aime pas le nucléaire mais ça pas le peine de la préciser. J’aime les artistes mais je veux pas payer pour voir les concerts. Les artistes qui font payer les concerts c’est trop des cons.

Bon voilà. En vrai je suis de gauche sans être tout ça. Des fois c’est chiant. Croyez moi.

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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 10:24

Le modem se veut « disponible à un élargissement de l’équipe gouvernementale »… Pas persuadé que l’équipe gouvernement soit de cet avis.C’est quand même dingue la politique. Pendant trente ans tu mènes des combats de rue contre des types de gauche ou de droite et puis au premier portefeuille on oublie tout et on change de camp. Je comprends aisément que le centre droit ne se reconnaisse pas dans la sarkozysme et encore moins dans le copisme prochain. Mais bon. Sont de droite. C’est comme ça. Ils ont choisi. Au centre droit de lutter pour virer la droite populaire et installer les valeurs « droite sociale » au cœur des prochains rendez-vous électoraux. Ou pas.

Pendant ce temps Cécile Duflot fait le spectacle. Toujours au top, vu que le logement ça ne l’intéresse pas elle a décidé de foutre le seum pendant cinq ans. C’est vrai que le logement en France ça n’intéresse que quelques clodos et quelques militants extrême-gauchistes. Alors elle s’occupe, elle parle de joints, elle file la légion d’honneur à ses potes, elle parle comme les jeunes et fait la vener sur twitter… En vrai elle fait pitié. Et puis ça me va bien vu que l’écologie ça me fait chier.

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 09:47

Kassovitz se lance un nouveau défi, passer pour un con tous les ans.  Il y a deux ans il nous sortait comme tous ses copains illuminés conspiratio-cheminadien « le 11septembre c’est pas Al Quaïda c’est Bush ». On s’est moqué de lui (Il avait qu’à pas devenir pote avec Bigard aussi). L’année dernière il nous sort « J’encule le cinéma français », là je me dis Rock n’Roll le Mathieu mais non, il a tout gâché, en venant se parodier le soir des César devant tous ses copains, un vrai baissage de froc à l’ancienne. On s’est moqué de lui. Aujourd’hui il frappe fort en nous sortant que Merah n’a tué personne, en fait c’est les services secrets français qui ont fait tout ça, tué des enfants, des militaires français et un jeune père de famille. Pourquoi ? On sait pas et puis on s’en fout. Le pourquoi c’est pas vraiment important pour les conspirationnistes. Du coup on se moque de lui. Apres faut dire qu’il a le temps de dire de la merde puisque ça doit bien faire quinze ans qu’il nous a pas fait un bon film. Et là je me moque encore de lui.

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15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 12:48

Et voilà c’est parti, que la fête commence. Le Post sarkozysme a de joyeux qu’il n’est en rien surprenant. Délocalisations, licenciements, violence sociale. Tout était prévu, comme dans un Batman, les méchants ont toujours un coup d’avance et en plus notre Batman est socialiste ce qui ne fait pas de lui, on en conviendra, le plus courageux des super héros. Montebourg avait pourtant arpenté les départementales les plus sinueuses de l’hexagone en mars avril dernier pour nous vendre de la gauche à plus savoir quoi en foutre, de l’interdiction aux licenciements plein les poches pour piquer de l’indécis au Front de Gauche. Aujourd’hui ? Il dit ne « pas accepter en l'état le plan ». Tremble PDG, tremble Grand Capital, Arnaud est dans la place et crois-moi ou pas mais ça va chauffer.

Le grand test, la dernière chance. Pour des millions d’électeurs Aulnay conditionnera les prochains suffrages. Je ne voterai plus par défaut, pour le moins pire, et pour me faire rouler encore une fois, comme toujours, par des incapables qui se disent de gauche par calcul politicien et pour une course au poste insupportable. Le changement c’est maintenant, ils ne croyaient pas si bien dire. Si le politique baisse encore une fois son froc devant le financier le changement sera brutal et radical. Le changement sera à la hauteur de nos illusions.

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 19:10

Tu aurais dû arrêter. Ils aiment dire ça. J’aurais dû arrêter quoi exactement ? De jouer ? Jouer c’est tout ce que je sais faire et je joue mieux que tous ces types qui me regardent comme le mec qui va sauver leurs fesses. Ils me regardent tous, je le sens, moi je ne dois pas les regarder, je ne dois pas lever la tête. Si je lève la tête c’est mort. Ne pas montrer que tu sais que les autres te regardent, surtout quand ils te regardent comme ça. Personne pour trouver le bouquin dans lequel c’est marqué, chez nous les bouquins ne nous ont jamais cherchés et la réciproque est vraie. Il n’y a pas si longtemps j’acceptais ces regards, aujourd’hui ils me pèsent, j’ai l’impression d’avoir perdu la moitié de mes épaules. Quand je sentais ces regards je me sentais vivant, aujourd’hui j’ai froid et j’ai peur, ce putain de vestiaire sent le pauvre et ces regards n’ont pas de talent. J’ai trente-cinq ans et on parle de moi en noir et blanc, un bon pour la casse, bon pour devenir un poseur de fin de soirée fier de ses petits exploits qui n’ont pas eu le cran de devenir légende. Qu’ils ne comptent pas sur moi pour devenir une fin de soirée, je serai battu mais perdre c’est jouer et j’aime jouer, quand tout ça sera fini ils ne me verront plus, disparu, rideau.

 Lui on l’appelle monsieur, il ne connaît pas tous leurs noms, le mien il le connaît, c’est le premier qu’il couche sur la feuille de match, s’il ne le fait pas il sait qu’il se met la pression tout seul comme un con. Je suis peut être vieux mais j’ai toujours le truc en plus, je le sais, il le sait, tout le monde le sait. La presse le sait. Ils me font rire tous ces cons qui disent ne pas aimer la presse, c’est grâce à la presse que je suis devenu riche pas encore sorti de l’adolescence, seize ans et je touchais en un mois ce que mes parents touchaient en dix ans. Et pourquoi ? Pour jouer. Jouer, tous les jours, tout le temps, sur le terrain et pendant ces nuits d’avant match à regarder le plafond et en imaginant ceux d’en face deux fois plus grands et deux fois plus rapides que moi. Ils l’étaient deux fois plus grands et deux fois plus rapides mais pour le talent… Heureusement pour moi le talent se vend plus cher que les coups de coudes et le talent j’en avais tellement que j’ai pu le gaspiller pour continuer à les amuser et pour devenir le héros de quelques types. Quelques millions de types.

La tension monte, j’ai la boule au ventre, j’ai envie de dégueuler, les gars sautent sur place, crient, se filent des giflent sur les cuisses et les moins bons se motivent en se filant des coups de têtes. Cinq minutes. Je m’étire, il faut que je prenne soin de mes vieux muscles, ils ne m’ont jamais lâché et c’est ce qui fait la différence quand on compte les points. La sortie du vestiaire, l’odeur de la sueur, du mec, les tapes dans le dos et les encouragements imbéciles, les « on lâche rien », les « sur tous les ballons », les « des morts de faim ». Des morts de faim ? Depuis quand le football se joue avec des morts de faim ? On est là pour faire marrer les gens assez fort pour qu’ils paient leur place et s’arrêtent à la buvette. Les morts de faim ne roulent pas en BMW. Le couloir. Les regards avec nos adversaires. On se connait tous, ils s’embrassent, moi je n’embrasse personne, je ne les aime pas et je ne suis pas là pour me faire des amis. Je suis ici pour jouer, gagner ou perdre mais jamais pour participer, ni à leur mascarade ni à leur grand esprit Coubertin de merde. Participer ? Non, l’important c’est de gagner ou de perdre, l’important c’est de jouer, participer c’est être spectateur et je ne serai jamais spectateur.  On entend les pieds qui tapent dans les tribunes, on crie mon nom, j’ai le plus gros succès, comme quoi le talent fait taper des pieds. On entre, les lumières, la montée d’adrénaline, c’est bon, je respire, les consignes sont simples, me donner le ballon, le reste je m’en occupe.

Coup de sifflet, et le bruit, ce bruit assourdissant, la foule, nous, les « ici », les « prends-le », personne ne peut imaginer le bruit, sans ce bruit rien ne serait pareil.  Je ne peux plus courir comme avant alors je m’économise en pensant, penser chaque déplacement, chaque course, plus personne ne pense et c’est pour ça que le jeu meurt. J’ai connu tellement de coureurs, ces types reconnus parce qu’ils étaient capables de faire vingt bornes par match. Ce soir je signe pour courir cinq cents mètres mais avec moi chaque mètre compte, je connais le rythme, le rythme de cette putain de chanson, un, deux, trois, appel, contrôle, passe, ne pas perdre la balle. Perdre la balle c’est défendre, défendre c’est laisser l’autre jouer, défendre c’est attendre son tour. Appel, contrôle, passe. Ils vont tous vite, plus vite que moi mais moi j’accélère le jeu, eux brouillonnent, s’agitent, je trouve quand ils cherchent. Appel, contrôle, passe. Ils veulent me mettre des coups mais ils n’y arrivent pas, je suis trop malin, je sais tricher, les règles ne servent à rien, il faut juste savoir ce qui est sifflé et ce qui ne l’est pas. Appel, contrôle, passe, anticiper le coup, tomber, se tenir le visage, faire se lever l’arène, savoir parler à mon défenseur, le rendre fou de rage, lui faire perdre ses moyens, lui faire baisser les yeux. Appel, contrôle, passe, décalage, centre en retrait, être au six mètres, reprendre pied droit et placer la balle petit filet. Aujourd’hui ils veulent tous frapper fort, moi je la place. Retrait, six mètres, plat du pied. Le bruit. Quel beau bruit. Je suis vivant, encore et toujours. Ce jeu est à moi, encore et toujours. Aller devant le virage lever les bras et les voir hurler mon nom. Hurlez, je suis vivant. Hurlez encore un peu pour moi. Je ne pose pas, je joue, j’ai toujours joué, je jouerai toujours. Appel, contrôle, passe. Ils viennent tous me taper dans le dos, ils tournent autour de moi pour se mettre dans ma lumière. Je brille. Appel, contrôle, passe. Appel, contrôle, passe.

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 20:55

Valérie Trierweiler tu es ma nouvelle idole ! En un tweet tu viens d’éclabousser le monde politique de toute ta classe et de toute ton intelligence. Remarque pareil, me serais pas gêné pour en mettre une petite à l’ex de ma meuf. Mais toi ta meuf c’est le président. Comme la cinquième république c’est un truc de bonhomme du coup t’es mal à l’aise… Et comme on t’empêche de faire des trucs « normaux » ben du coup tu t’ennuies et tu fais de la merde. Comment on peut se permettre ce genre de truc en pleine campagne pour les législatives ? C’est ouf quand même. Mais ouf de chez ouf… On a pas fini de se marrer, vive la République, vive Valérie.

 

Ah oui, je souhaite bien du plaisir aux socialistes pour cette joyeuse semaine.

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 15:33

Moi je vous dis … Devait pas faire bon être maquisard en 43 à Hénin Beaumont …

Sinon samedi dernier manif antifa à Toulouse… Faisait beau, c’était le weekend… Et on était … 500… 500… 500 à s’être dit que le fascisme à Toulouse n’avait pas sa place, 500 à se rappeler que le combat anti fasciste est le combat premier, 500 à se dire que oui, un samedi matin c’est pas si dur de prendre deux heures pour dire aux nazis du bloc identitaire qu’ils ne seront jamais ici chez eux. 500 à ne plus accepter de voir nos camarades tomber sous les coups des salopes en plein centre d’une ville endormie. Toujours les mêmes têtes, toujours les mêmes coudes serrés, à croire que s’afficher à gauche fait aujourd’hui mauvais genre, à croire que se lever un samedi matin c’est trop compliqué. L’histoire s’écrit chaque jour… A nous d’être à sa hauteur.

Devait pas faire bon être maquisard en 43 à Hénin Beaumont… Ici non plus.

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 12:15

Les gens se bouffent entre eux. Bon clairement le côté zombie et compagnie moi perso ça me fait kiffer. On n’a pas été élevé au bon grain américain des morts vivants pour se plaindre du premier anthropophage venu. Mais bon quand même… Y a comme un signe qu’en ce moment ça marche pas fort niveau humanité. Quand on commence à se bouffer les uns les autres  c’est que ça commence à puer grave.

Du coup on sait jamais, petit conseil lecture… Un humain averti en vaut deux…

http://www.amazon.fr/Guide-survie-territoire-zombie-sauver/dp/2702139728

Ah tiens un truc qui me chiffonne en ce moment… Le Parti Pirate… Bon ils ont tout pour me plaire. Ils utilisent une imagerie rock n roll en référence aux héros à moitié fantasmés de libertalia, ils se battent pour le copyleft et pour qu’on ne se fasse pas engueuler quand on télécharge du porno. Mais bon après… Leur projet de société c’est quoi aux gonzes ? Lu un entretien dans lequel ils annoncent pouvoir s’allier à n’importe quel parti partageant leur valeurs. Ça ne fait pas gros niveau ligne politique. Et puis généralement les types qui annoncent pas la couleur c’est qui préfèrent le brun au rouge. Apres effectivement je suis d’accord, autant pas se faire casser les roues quand on télécharge du porno.

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 22:49

« Nous » a perdu. Perdu quoi ? Qui est « nous » ? L’opposition ? L’alternative ? Rien à foutre.  La seule chose à connaitre, fondatrice, est notre défaite. Une défaite quotidienne qui vient nous sauter à la gueule à chaque gifle reçue. Gifle sécuritaire, raciste, sexiste, religieuse, délatrice. Gifle de chaque petit abandon de ce qui a fait de  « nous » une grande idée, une mère des révolutions, une nation fière d’être différente, indépendante et intelligente.

 

« Nous » a perdu le fil conducteur de nos victoires, de notre émancipation, de nos combats. Tant de combats, tant de luttes, tant de marches, tant de convergences. Tant d’échecs.  « Nous » vit dans l’échec, dans l’acceptation que l’on ne peut rien y faire.  « Nous » vit au rythme des appels à la grève pour se donner l’illusion que « nous » n’a pas encore abandonné,  alors « nous » se retrouve dans la rue, entre « nous », que « nous » soit 2000 ou 3 millions ne change rien. « Nous » marche, « nous » ne chante même plus. « Nous » écoute les sonos des centrales syndicales hurler des slogans enregistrés et marche dans le silence les pieds pris dans les rubans que des cheminots retraités lance à l’arrière d’un camion au rythme d’ « allumer le feu ». « Nous » marche les mains dans les poches remplies de papier. Tant de tracts, tant de groupes et de colères mais quelle idée ? Quelle idée fait de « nous » une résistance si ce n’est l’habitude de descendre dans la rue pour crier son mécontentement ? « Nous » est-il rouge, noir, rose, vert ? « Nous » doit-il être ? Une chose est sûre il n’y a plus personne pour coller les affiches. Les colleurs d’affiches sont maintenant des prestataires de service. Reste les convaincus, colleurs d’affiches résignés mais courageux, préférant la fidélité du parti que la traitrise lâche des silencieux.

 

L’habitude. « Nous » est  victime de l’habitude du combat. « Nous » vit dans un pays habitué aux mouvements sociaux. Pour « eux », ceux en face de « nous »,  cette habitude est un blindage, une arme. Marchez, criez, luttez, pétitionnez, indignez-vous, « eux » attendrons. Dans une semaine, deux semaines, un mois il faudra que « nous »retourne au travail et « eux » serons toujours là. La cinquième république a de confortable cette attente régalienne, perché dans un palais, armé du savoir ce qui est bon pour « nous ». « Nous » bloquera bientôt une gare, un aéroport ou un péage, les enfants sans école seront dans la rue à se faire bastonner par les flics et l’opinion lâchera « nous ». La lutte deviendra prise d’otage, les grévistes deviendront privilégiés, les jeunes des casseurs et les flics, les victimes de ces casseurs. Alors « nous » retourne au travail, ferme sa gueule et attends septembre que la CGT ouvre la période des grèves. Tant pis pour lui si « nous » veut crier, lutter, se battre. « Nous » n’est pas au XXème siècle, « nous » n’est pas en Amérique latine ou en Afrique, ces continents un peu fous où il est encore possible de vivre de possibles. « Nous » est en France, au XXIème siècle et doit faire avec son Histoire, une Histoire faite de modèle, de précèdent, de jurisprudence.

 

Pendant ce temps le parti socialiste sera au pouvoir ou dans l’opposition. Pour « nous » il est préférable que le PS soit dans l’opposition, ça lui donne de quoi espérer une alternance, l’espoir de souffrir un peu moins. Quand le PS est au pouvoir « nous » n’a souvent pas le droit de descendre dans la rue, parce que la CGT est souvent d’accord avec le PS. Viendra l’heure des isoloirs. La grande fête républicaine où pendant quelques secondes « nous » a le droit de choisir parmi « eux », « eux » de gauche ou « eux » de droite. Peu importe finalement, ils se débrouilleront entre « eux ».  Nous vivons une farce, un vaudeville macabre qui voit des guignols promettre un avenir aux plus malheureux des « nous » qui crèvent dans la rue. Une connivence affichée sur les plateaux de télévision, tapes dans le dos, sourires entendus et questions/réponses d’habitués. Au service du capital et des banquiers. Accusez-moi de facilité, de rouge rétrograde, mais la vérité est aussi simple que nos fureurs adolescentes, « eux » sont au service du capital et des banquiers.

 

 Pourquoi ne plus se fier à nos instincts, à nos indignations adolescentes? Notre pays est raciste, réactionnaire et au service des banques… Le reste? De quoi alimenter les débats et vendre du papier. Pourquoi ne jamais parler des prisons? Ce sujet tabou, abandonné par les médias dominants et alternatifs. Pourquoi ne pas dire et rappeler que la très grande majorité des prisonniers est composée de noirs et d’arabes? De peur de tomber dans l’argumentaire fasciste, dans cette lutte des races obscène produit de remplacement à la lutte de classes? Où de peur d’avoir ici la preuve la plus évidente que notre pays est une fabrique à l’échec, contrôlée par des élus bourgeois et racistes?

 

Bourgeois. Dire que « eux » représente la bourgeoisie est mal vu. Aujourd’hui parler de la bourgeoisie et du prolétariat c’est ringard. On parle maintenant de classe supérieure et de classe moyenne, populaire ou mieux des « précaires ».  On vit dans un « quartier difficile » quand les « eux » de droite parlent ou dans un « quartier populaire » quand les « eux » de gauche s’intéressent rapidement au sujet. Et écoutons les parler des « français issus de l’immigration », c’est « français d’origine africaine », utilisé pour des jeunes de deuxième, troisième et maintenant quatrième génération.  Quelles sont belles leurs écoles à produire de l’intelligence qui a imaginé ce concept de sous-français, « français issu de l’immigration ». 

Plongés dans l’anticipation. La novlangue. Une langue nouvelle, pour leur meilleur des mondes.  Une volonté de créer des murs, des communautés. Le modèle communautaire demande à ce que l’on ne se parle plus. Ne plus pouvoir dire le mot « juif », « arabe », « noir », « blanc » implique que l’on ne peut plus s’appeler, restons chacun de notre côté entre « Israélite », « français d’origine maghrébine », « homme de couleur » et … « français ».  Restons cloisonnés dans la peur de s’appeler, dans la peur d’être ce que l’on est et laissons « eux » s’occuper de notre futur, de nos perspectives. Laissons les réseaux sociaux faire de nous les amis que nous ne serons jamais et choisir à notre place notre amour, à nous de cocher le métier, les loisirs et la race correspondant à l’image que l’on se fait de notre vie à venir. Facebook, twitter, armes de la révolution arabe. Pour l’occidental il est évident que ces hommes et ces femmes ont eu besoin du web 2.0 pour s’apercevoir que la misère dévorait leur monde et leur futur, il fallait que l’occident offre une fenêtre sur nos démocraties si brillantes pour permettre à ces bons sauvages de s’émanciper.  La vérité est trop cruelle pour nos sociétés mourantes, l’Afrique est jeune, l’Afrique est courageuse, l’Afrique a gagné, l’Afrique s’est offert un futur.

 

La novlangue. En 2011, le président des « eux » a décidé de lancer, après la réussite de son débat sur l’identité nationale, une grande discussion sur « l’Islam ». Bien sûr il est vraiment de mauvais goût de comparer Nicolas Sarkozy et Adolphe Hitler. C’est mal vu, bête, c’est ne pas connaitre notre Histoire que de penser que le président Sarkozy peut être mis sur le même plan que le pire boucher de notre histoire moderne, un monstre absolu, le nazisme. C’est ne pas respecter les règles entendus entre « eux », c’est être un marginal imbécile. Mais les allemands, et même Hitler, avaient une excuse. Une excuse fantastique. Ils étaient les pionniers. Pionniers de l’utilisation de la haine raciale. Le résultat est connu, 60 millions de morts. Prenons ce débat et son intitulé, « l’Islam » et remplaçons-le par « Les juifs ». Quelle excuse vont-ils trouver ? Quel lapin sorti de quel chapeau pour expliquer que l’objectif de cette provocation n’est pas de communautariser un peu plus un pays qui ne se regarde plus dans les yeux. Quel lapin sorti de quel chapeau va venir expliquer au 20 heures que notre pays ne souffre pas d’un chômage massif, d’un abandon de l’éducation, d’une destruction méthodique des services publiques mais que ce pays souffre du fait d’être cosmopolite et laïque ? Quel lapin sorti de quel chapeau vont-il choisir pour venir nous cracher au visage le mépris d’une classe dirigeante qui calcule sa réélection en craquant l’allumette dans un pays rempli de gaz ?

 

« Les jeunes des banlieues sont dépolitisés ». Dire un « jeune de banlieue » est déjà une horreur, c’est utiliser la novlangue, une jeune disparait sous cette étiquette « de banlieue » comme en d’autres temps sous l’étoile jaune et le triangle rouge. Le feu. Répondre par le feu. Ce n’est pas marxiste, clairement. C’est une réponse primaire, une réponse première, une réponse radicale, viscérale. Ne pas accepter et donc sortir dans la rue et penser venger son frère abattu par la police c’est être politique, bien plus politique que de marcher en silence derrière la sono de la CGT. En 2005 ces hommes ont refusé et ont dit « nous ». Un « nous » sans carte blanche, sans abandonner une histoire née dans les bidonvilles de Nanterre et sur les décombres d’une histoire coloniale « globalement positive ».  A coups de trique, d’assassinat et de tortures. Voilà comment Le bilan « globalement positif » s’est construit, voilà le message envoyé aux bidonvilles de Nanterre, nous sommes aveugles, sourds et amnésiques. Nous n’aimons pas les défaites et vous allez payer. « Nous » paye. Alors oui la jeunesse veut faire partie du « nous » mais pas dans les conditions actuelles, pas sans avoir au préalable réglé l’ardoise.

 

« Nous » a perdu, sur tous les fronts. Pris d’assaut par « eux » et leur volonté de faire taire, mettre au pas, stabiliser et tranquilliser par la peur et la haine.

Inventer, créer, résister.  Au niveau premier, parler. Discuter, débattre, se mettre sur la gueule, ne pas laisser les groupes de presse décider de nos échanges. « Nous » est  l’opinion, « nous » est les souffrances et le ressort premier de ce qui peut et va exploser. « Nous » sait le monde et ce qui doit changer. « Nous » leur fait peur. Le groupe, interdit de réunion, interdit de rester devant les grilles d’une préfecture pour défendre un sans-papier. Interdit de rester toute la nuit au café à refaire le monde. Pourquoi ? Parce que « nous » est la condition première à la victoire. « Nous » est étincelle. Il manque une étincelle, un espoir, le feu.

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